Ce vendredi 12 janvier 2024 restera gravé dans l’esprit des élèves de 3e et des adultes présents. En effet, à l’initiative de Mme Portaneri-Fache et de M. Nahmias, parent d’élève, nous avons pu accueillir Ginette Kolinka, dernière rescapée française des camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Madame Kolinka est loin d’être une inconnue : plusieurs biographies, deux bandes dessinées et des centaines de témoignages auprès des jeunes générations à travers le pays… c’est une véritable star de 99 ans qui nous a fait l’honneur de sa présence au CDI.
Elle nous a d’abord raconté sa jeunesse heureuse à Paris, entourée de ses parents, de ses cinq sœurs et de son petit frère Gilbert.
Mais la guerre éclate et leur vie bascule : recensement, étoile jaune, privations et humiliations croissantes sont le lot quotidien de cette famille juive…
Puis c’est la fuite en zone libre à l’été 1942, sur conseil d’une personne qui a lu leur dossier à la Préfecture et qui sait qu’ils ont été dénoncés comme étant à la fois juifs et communistes. La famille se sépare en quatre groupes pour passer la frontière, puis s’installe à Avignon afin d’y reconstruire une nouvelle vie sous une fausse identité.
Jusqu’à l’arrestation de son père, de son frère et de son neveu, le 13 mars 1944. Ginette est embarquée par la Gestapo, elle aussi… et comprend alors qu’elle a été dénoncée par le jeune homme qui semblait la courtiser depuis quelques jours. Sa mère et quatre de ses sœurs seront prévenues à temps et pourront se cacher dans un village voisin jusqu’à la fin de la guerre. Elle ne saura jamais ce qu’il est advenu de sa sœur aînée.
Ils sont emprisonnés à Avignon, puis à Marseille, avant d’être internés dans le camp de Drancy pendant un mois. Ginette reste optimiste et pense qu’ils vont y rester travailler, malgré le mutisme de son père qui a compris que le pire était à venir.
En effet : un mois plus tard, la famille est déportée par le convoi n°71, entassée dans un train à bestiaux sans fenêtre où seul un seau permet de se soulager. Les conditions y sont terribles et l’odeur, pestilentielle ; beaucoup sont malades.
A l’arrivée au camp d’Auschwitz-Birkenau, Ginette propose à son père et à son frère de rejoindre le camp par le camion plutôt que de marcher à travers les champs boueux comme elle. Elle ne saura que plus tard qu’elle a ainsi signé leur arrêt de mort, les envoyant directement à la chambre à gaz.
Ginette Kolinka subit l’humiliation d’être dévêtue, rasée et tatouée ; puis est sélectionnée pour travailler et survit dans des conditions terribles à Birkenau.
Elle sera ensuite transférée à Bergen-Belsen en novembre 1944. Ginette est choisie pour travailler dans une usine de pièces d’aviation… où un employé allemand cache quotidiennement un peu de nourriture sur sa machine, afin d’aider les prisonnières à survivre. Mme Kolinka pense que, sans ce vieil homme, elle ne serait pas là aujourd’hui pour témoigner.
Elle est ensuite déplacée à Theresienstadt. Mais lorsque le camp est libéré par les Alliés, elle ne peut en sortir car elle est gravement malade du typhus et doit être soignée un mois sur place.
A son retour en France, elle retrouve sa mère et ses sœurs, ainsi que l’appartement familial. Cela l’aidera beaucoup pour se reconstruire. Elle dit avoir eu de la chance.
Mme Kolinka a apporté des photographies pour illustrer ses propos, qu’elle a fait circuler avec l’aide des adultes présents.
Les élèves de 3eC et de 3eD avaient préparé des questions, qu’ils ont pu ensuite posé à Mme Kolinka. Ils ont d’ailleurs été félicités par cette dernière pour la pertinence de leurs interventions !
Une séance de dédicaces a clôturé cette rencontre émouvante où la petite histoire rencontre la grande Histoire.
Ginette Kolinka a insisté sur le fait que ces élèves, à qui elle a pu transmettre son histoire, seront les passeurs de mémoire de demain -lorsque les derniers rescapés auront tous disparu- ; face à la haine et au négationnisme :
« La haine, c’est un pied à Auschwitz. »
Mme Malville